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De quoi les Européens doivent-ils débattre ?

Un an avant les élections européennes

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

Emmanuel Macron a surpris en indiquant que la règlementation environnementale européenne, déjà la plus avancée au monde, ne devait pas s’abstraire de la situation des autres continents au risque d’affaiblir l’économie européenne. Il a raison.

La Fondation Robert Schuman 
avait déjà alerté sur cette problématique.

A un an des élections européennes, il est important d’engager des débats à la hauteur des enjeux pour l’Europe. Tout indique, en effet, que, comme à l’accoutumée, la politique intérieure pèsera lourd dans les postures des partis politiques nationaux. C’est peut-être inévitable, ce serait une grave erreur de s’en contenter.

L’Union européenne vit des moments historiques. De sa transformation dépend l’avenir des nations qui la composent, la prospérité du continent et même sa survie en tant qu’acteur mondial.

La politique économique de l’Union mérite de vrais et difficiles débats. Sa démographie en berne semble expliquer ses politiques de prudence.  Pourtant elle doit choisir la croissance, c’est-à-dire le risque et l’audace, qui interpellent sa politique budgétaire comme sa politique monétaire.

Décidée à être exemplaire en matière environnementale, elle ne doit pas pour autant se prendre pour le bouc émissaire des turpitudes de la planète. Elle ne saurait porter à elle seule le poids de la lutte contre le réchauffement. Elle doit surtout s’interroger sur la manière de réussir la transition.

Les Européens adorent les règles et les contraintes. Il en faut, mais ce sera d’abord la motivation et l’action des acteurs, entreprises, Etats, citoyens, qui conditionnera la réussite du combat pour l’environnement. De ce point de vue, le Parlement européen doit arrêter de multiplier les interdictions, ce qu’il fait lors de chaque session, et s’interroger davantage sur la manière de les inciter et de les accompagner.

Le risque est en effet l’appauvrissement du continent et donc le rejet par les citoyens des contraintes de la lutte climatique. J’avais
personnellement suggéré une réflexion approfondie sur les modes d’action utilisés pour affronter les mutations en cours. Elle doit faire l’objet de débats plus sérieux.

En outre, on comprend que les rapides avancées scientifiques posent des questions éthiques inédites, l’intelligence artificielle comme les immenses capacités de pallier les déficiences physiques du genre humain. Ce sont des sujets complexes sur lesquels l’Europe doit demeurer exemplaire, au nom des valeurs de liberté et de dignité de la personne.

Enfin, garantir la survie de l’Europe exige qu’elle réalise qu’elle a désormais des ennemis qui considèrent, que son modèle, ses succès, sa démocratie, ses valeurs, sont des dangers pour leur pouvoir dictatorial. C’est aujourd’hui le cas de la Russie ; ce sera demain celui d’autres régimes dictatoriaux…

Les Européens doivent savoir qu’il n’y aura pas de paix durable pour eux sans construction d’une défense forte et crédible et qu’ils doivent y prendre toute leur part, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et cela a un prix.

Voila des questions existentielles qui feront l’objet de débats lors de la campagne pour les élections européennes de 2024. On peut même commencer sans attendre !




P.S: Pour tout comprendre, le Rapport Schuman sur l'Europe - L'état de l'Union 2023 est la meilleurs des références.


 

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