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Agenda

09 avril 2024

Dans le cadre d'une série de seminaires citoyens organisée par Frédéric Petit, Député des Français établis en Allemagne, Europe centrale et Balkans, Jean-Dominique Giuliani tiendra une conférence en ligne sur le sujet des grands défis auxquels l'Union européeenne fait face en vue des élections européennes.

A la recherche de barreurs de gros temps

Préface publiée dans "L'opinion européenne en 2011" (sous la direction de Dominique Reynié), p. 13

Le populisme n’est pas qu’européen.

Il s’étend partout où la qualité de vie permise par une prospérité sans précédent, fondée sur la liberté et l’économie libre, semble menacée par la concurrence de nouveaux acteurs émergents.


L’arrogance de ces derniers, en réalité une revendication (où la revanche le dispute à la croissance) de participer à la décision sur la scène mondiale, anticipe sur leurs succès attendus dans l’avenir. La Chine, le Brésil, l’Inde et la Turquie veulent compter à l’aune de leurs populations et de leur futur poids économique.


Or, si manifestement de grands bouleversements sont à l’œuvre, la richesse collective demeure toujours et pour quelques années encore, euro-américaine.


 




Et nos sociétés gardent des capacités de rebond inégalées dont l’histoire a prouvé les surprises.




Pour les citoyens, les représentations du monde se transforment ainsi plus vite encore que la planète, elle-même en grand changement. Les Européens, qui ont déjà mal vécu leur déclassement provoqué par deux guerres mondiales, réagissent comme si le 21ème siècle était forcément celui de tous les dangers, du « déclin », de la « fin de l’Europe », de la « perte de leurs racines, niées par la globalisation ».


 




Les difficultés présentes, économiques, financières, sociales, renforcent ce sentiment exagéré de peur, premier facteur de populisme, la demande de protection, deuxième caractéristique du repli identitaire, voire la haine de l’autre – racisme, xénophobie, intolérance religieuse – perversion hélas classique des deux premiers.




Les dirigeants politiques, eux-mêmes confrontés à une complexité croissante et à des pratiques politiques désormais dirigées par les impératifs quasi-exclusifs de la communication, n’échappent pas à ces représentations. En tous cas, ils y sont brutalement confrontés.


 




 



C’est donc une opinion publique profondément perturbée qui fait l’objet de ce nouvel examen. Il met à jour des tendances lourdes et des inquiétudes récurrentes, mais aussi des sentiments, des pratiques, des phénomènes, inattendus, parfois très positifs et éclairants pour l’avenir.


 




 



Car les Européens sortiront un jour de la grave crise de doute qui traverse le continent, pour peu qu’ils aient simplement conscience de ce qu’ils ont accompli – reconstruire l’Europe- , de ce qu’ils représentent – un modèle plébiscité – et de leurs capacités, qui restent intactes. Ils sont dans l’attente de visions auxquelles adhérer ou bien se confronter, de choix clairement présentés auxquels ils seraient associés. Autant de raisons d’espérer, de se mobiliser, de se rassembler qui leur font aujourd’hui défaut et qui sont cachées derrière un écran de fumée alimenté par les circonstances qui s’enchaînent, par l’absence de recul, par le caractère apparemment éphémère, illusoire de débats publics dépassés.


 




Comme s’ils avaient, avant tout besoin tout simplement de barreurs de gros temps qui rassurent les équipages dans la tempête et leur permettent donc, collectivement, de la surmonter.