Le plan adopté pour sauver l'Euro marque t-il le début d'un fédéralisme économique européen ?
Jean-Dominique Giulani. On avait comme règle de discipline minimale, le pacte de stabilité, non respecté essentiellement à cause de la crise. Il a montré ses limites. Ce n'était pas une gouvernance suffisante de la zone euro. Alors, oui, il ya un changement. Nous assistons avec certitude au début d'une politique économique plus communautaire. Il faut plus de coopération, plus de convergence. Une cooperation au niveau de la préparation des budgets avec un travail commun pour une plus grande compétitivité et une convergence de la fiscalité et des grandes masses de dépenses d'investissement ou de fonctionnement. Mais cela n'est qu'un premier pas. La reponse donnée par l'Union européenne correspond à une urgence, pour faire face à la crise. Maintenant, il faut aller plus loin.
Faut-il une évolution structurelle pour réussir cette évolution politique?
Toutes les institutions existent déjà : le Conseil européen qui est très actif, l'Eurogroupe, la Banque centrale qui est associée à ces reflexions. Il faut maintenant, avant même de changer les traités, faire évoluer leur pratique pour une plus grande coordination. En clair : il faut que les institutions existantes soient capable d'agir plus vite, car nous avons eu trois mois de retard dans la mise en place d'un plan et cela on peut le regretter.
Pour cela, il faut simplement de la volonté et il me semble que les Etats en sont conscients. Aujourd'hui des tabous importants sont tombés. Les Etats ne pourrons plus faire ce qu'il veulent dans leur coin.
Ce plan n'est-il pas simplement mis en place pour rassurer les marchés?
Non. L'initiative de la banque centrale européenne en est le meilleur exemple. Jusqu'ici elle se contentait de rester dans son champ de compétences. Cette fois, elle est allé au-delà : elle applique depuis lundi la volonté commune des Etats de l'union européenne de garantir la dette souveraine en achetant du papier sur le marché. Ce n'était pas prévu par ses statuts mais elle le fait intelligemment à partir du moment ou tout les Etats de la zone euro sont d'accord. C'est un changement considérable et montre la profonde volonté d'évolution de la politique economique de la zone euro.