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Européennes : une campagne pré-législative en Allemagne ?

Article publié sur le site du Figaro.fr dans le cadre d'un partenariat entre la Fondation Robert Schuman et Le Figaro.fr pour les élections européennes des 4-7 juin prochains.

Si le scrutin européen ne passionne pas davantage les Allemands que les Français, il dissimule des combats politiques internes bien plus vigoureux, analyse Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman.



La «super année électorale 2009» des Allemands va voir se dérouler en même temps que les élections européennes du 7 juin, d'importantes élections municipales dans 9 Länder. Le 30 août et le 27 septembre se tiendront les élections pour la désignation des parlements locaux dans 4 autres régions allemandes. Le 27 septembre, ils voteront pour les élections législatives générales. C'est dire combien la classe politique allemande est mobilisée.



Depuis 2005, l'Allemagne est gouvernée par une «grande coalition» qui réunit les deux principaux partis politiques, le Centre-droit de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates du SPD. Leurs leaders, Angela Merkel et Frank-Walter Steinmeier, qui a raccourci son prénom en Frank tout court pour les besoins de la campagne électorale, n°1 et n°2 du gouvernement, s'affrontent dans les urnes. La cohabitation devient donc de plus en plus difficile, d'autant plus qu'elle est contestée par les Libéraux et le nouveau Parti de gauche (Die Linke).



Si le scrutin européen ne semble pas passionner davantage les Allemands que les Français, il cache déjà des combats politiques internes plus vigoureux. La CDU plaide ainsi pour une Europe forte mais aussi plus sûre et met l'accent sur la sécurité, le SPD pour un Pacte social européen, les Libéraux contre toute hausse d'impôt, y compris européen et la gauche extrême pour une politique plus sociale mais aussi franchement eurosceptique.



Le précédent scrutin européen de 2004, précédant une alternance avait été particulièrement favorable à la CDU, qui siégeait alors dans l'opposition. Les socialistes du SPD devraient donc regagner quelques sièges ; le sort du grand parti de centre-droit (CDU) devrait se jouer en partie autour de celui de sa petite sœur bavaroise (CSU) avec qui il est allié à Berlin. En difficulté depuis les élections du mois de septembre en Bavière, la CSU devra se battre pour franchir la barre nationale des 5 % qui permet d'obtenir des sièges de députés européens.



La réunion publique, que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont tenue ensemble le 10 mai, pourrait marquer le début d'une campagne électorale plus animée. Intervenant devant les jeunes de la CDU, ils ont confirmé leur hostilité à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et leur ferme position pour la ratification du Traité de Lisbonne. Ces déclarations franco-allemandes ont résonné comme une mise en garde à l'opposition britannique dont le leader laisse entendre qu'il pourrait remettre en cause la ratification de ce traité. Mais en s'adressant aussi à d'autres «euro-timides» de Varsovie et de Prague, elles étaient destinées d'abord à un électorat qui, de chaque côté du Rhin, exprime une exigence de résultat envers l'Union européenne. Dans cette campagne européenne, la diplomatie n'est jamais bien loin de la politique !