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Europe : Un message et un virage

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

Beaucoup attendaient un bilan du discours sur l’état de l’Union que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prononcé au Parlement européen ce 13 septembre.

Ce fut plus que cela, un tableau des décisions européennes en cours et une projection vers l’avenir des politiques communes.

Le message devait être clair, décrivant les avancées de l’Union européenne en matière de mutualisation des forces nationales en Europe. Il l’a été. La réponse à l’épidémie de Covid a été un détonateur, l’agression russe de l'Ukraine un révélateur.

En égrenant toutes les politiques communes mises en œuvre, du numérique à l’énergie, en passant par la défense et la relance, elle a montré combien les Etats européens ont trouvé dans la dimension européenne de nouvelles occasions de coopérer : Achats de vaccins en commun, mutualisation des ressources énergétiques, soutiens multiples à des actions de sécurité économique et de préservation de nos approvisionnements et même, extraterritorialité de notre droit concernant le numérique et ses développements.

Ce qui a changé est, en effet, fondamental : désormais ce sont les Etats membres qui réclament des politiques communes pour relever des défis qu’ils ne parviennent pas à surmonter seuls.

Mais elle a aussi annoncé un virage qui ne doit pas être sous-estimé. L’Europe veut être à la pointe de la lutte contre le changement climatique et elle a raison. Elle a multiplié les objectifs ambitieux au prix d’interdictions et de contraintes. Le temps est venu de s’interroger sur la méthode et de mieux prendre en compte la faisabilité de ces accomplissements, c’est-à-dire leur calendrier, leur progressivité et leur accompagnement. L’accent mis sur le soutien aux acteurs économiques, agriculteurs, industriels, citoyens en difficulté, démontre une prise de conscience de la nécessaire acceptabilité de ces réformes. C’est la condition de leur succès. Et une lecture seulement politique de ce vrai virage serait inexacte.

L’Europe ce ne sont pas des obligations en plus, ce sont des opportunités supplémentaires.

La réussite du continent implique une révision de nos politiques économiques vers plus de croissance que tous doivent partager, les salariés comme les entreprises.

L’anticipation de l’économie de demain est une priorité des institutions communes comme des gouvernements nationaux et c’est heureux. Il y a encore beaucoup de progrès à faire mais il n’y a aucune raison de ne pas s’y atteler résolument.
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