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L’Union dans quel état ?

L’état de l’Union

Le 16 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononcera devant le Parlement européen son discours sur l’état de l’Union, occasion pour elle d’un premier bilan, un an après son entrée en fonction. Comment les Européens ont-ils réagi aux circonstances très particulières que nous avons traversées et comment les institutions européennes, au premier rang desquelles la Commission, s'y sont-elles adaptées ?

Le Rapport sur l'état de l'Union publié par la Fondation Robert Schuman montre que l’Union européenne ne se porte pas si mal, mais les défis qu’elle doit relever sont devenus tellement vitaux qu’elle doit impérativement changer de dimension au plus vite.

Au regard du passé, l’Union avait mille raisons de se déchirer. Au contraire, elle a décidé très vite. En 4 jours, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté un plan anti-crise de 750 milliards € et un budget pour 7 ans de plus de 1 000 milliards €. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a annoncé l’injection dans l’économie européenne de plus de 1 200 milliards. Les plans nationaux ont complété ces « bazookas » financiers. L’Europe a fait mieux que tout autre ensemble politique. Malgré les nuances en son sein, le Brexit et les rancœurs de certains, elle est unie et elle n’est pas près de se défaire.

Les défis nouveaux sont nombreux et vitaux.

Ils sont géopolitiques. L’environnement international s’est radicalement transformé. Là où l’Europe ne pensait avoir que des amis ou des alliés, elle se découvre des rivaux et même des ennemis. Russie, Chine, Turquie, mais aussi Etats-Unis et désormais Royaume-Uni semblent n’avoir pour objectif que d’affaiblir l’Union en la divisant, l’agressant ou la défiant. Ses succès dérangent, son marché intérieur attire, ses hésitations ravissent ses partenaires. Se penser en « puissance géopolitique », c’est bien sûr défendre et promouvoir ses intérêts ; c’est aussi cultiver le sentiment d’appartenance des Européens à un ensemble dont on peut être fier. Il y a, de ce point de vue, encore à faire beaucoup d’efforts.

C’est peut-être d’ailleurs le principal travail à réussir sur le plan intérieur. Pour cela, les institutions européennes doivent changer de logiciel. Réussir le plan de relance sera un test de leur capacité à s’adapter. Alléger les procédures, arrêter de faire du juridisme, agir vite et sortir de la diplomatie, s’adresser directement aux citoyens, communiquer, autant d’urgences pour toutes les institutions communes et spécialement pour la Commission.

Réussirons-nous sur le plan européen ce qu’on ne parvient pas toujours à faire sur le plan national ?

Il se peut que la sagesse soit plus facile à plusieurs que tout seuls ! Pour cela les Européens, collectivement, doivent cesser de croire qu’être exemplaires suffira à convaincre les autres acteurs internationaux de nous suivre, de penser que sur la scène internationale, se placer en « honnête courtier » garantira l’Europe contre le fait accompli d’acteurs usant de la force, de s’en remettre à d’autres pour leur sécurité.

Leurs élites, leurs dirigeants doivent s’élever au niveau des enjeux, c’est-à-dire, croyant suivre l’opinion au lieu de l’éclairer, cesser de dénigrer une construction inédite qui nous a permis de rester dans l’histoire après deux conflits mondiaux et, au contraire, valoriser par tous moyens la force de cet ensemble, son économie bien sûr avec son grand marché, mais aussi ses valeurs de liberté, de respect de la personne et de solidarités, qui éclairent le monde. Car, que je sache, on n’émigre pas en Russie ou en Chine ! Même pas en Turquie où l’on ne fait généralement que passer ! L’Europe a bien une place à part sur la planète. Elle doit l’occuper pleinement.

Si Ursula von der Leyen incarne enfin cette voix avec courage et imagination, l’Union en sortira renforcée et l’Europe, dans tous ses Etats, confortée.
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