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Une bonne nouvelle

Les Européens convaincus peuvent avoir quelques bleus à l’âme en regrettant que l’accord conclu au Conseil européen ne soit pas plus ambitieux. Ceux qui n’ont pas compris ce qu’était cette Union inédite de pays volontaires pour décider ensemble, peuvent s’étonner qu’il faille négocier jusqu’à 4 h du matin pour arriver péniblement à des compromis qu’on aurait pu écrire avant la réunion, il n’en est pas moins vrai que ce Conseil européen est une vraie bonne nouvelle.




Les Européens avaient souhaité modifier leurs institutions pour tirer les conséquences des transformations de l’Union européenne, passée de 6 Etats membres et 180 millions d’habitants en 1957 à 27 membres et un demi milliard d’Européens en 2007. Ils avaient voulu par la même occasion rendre cette Europe plus démocratique, plus transparente, plus compréhensible. C’était l’objet et le contenu du Traité constitutionnel rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005.




Au milieu de ces écueils, la décision des Chefs d’Etat et de gouvernement est inespérée. L’essentiel des modifications institutionnelles prévues se retrouve dans leur accord. Il sera plus facile de décider ; l’Union européenne aura un visage et une voix ; elle sera moins freinée par ceux qui ne veulent pas avancer ensemble, travaillés par les populismes, les nationalismes ou les égoïsmes. Elle sera en mesure de mieux décider, plus vite, plus clairement, plus démocratiquement puisque le parlement européen voit ses pouvoirs renforcés et les parlements nationaux appelés à contrôler le fonctionnement des institutions communes. Ils ont aussi tenu compte des inquiétudes populaires.




Malgré le psychodrame polonais, qui n’honore pas ses auteurs, les « jumeaux terribles » et paraît si peu conforme à ce grand pays qu’est
la Pologne, malgré l’habituelle réserve britannique qui ne l’empêche pas de profiter toujours davantage de l’unité européenne sans contribuer à son renforcement, malgré les égoïsmes et la politique intérieure, les chefs d’Etat et de gouvernement, servis par une Chancelière allemande décidemment très habile et un président français qui avait compris avant tous les autres ce qu’il fallait faire, aidés par l’indispensable premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, ont fait triomphé la raison. Espérons qu’ils rencontreront chez eux la même inspiration, cette conscience des intérêts communs des peuples d’Europe qui ne se substituent pas aux intérêts nationaux, mais les conforte et les défend mieux que toutes les protections anciennes. Que la politique intérieure laisse en paix ce consensus européen et ne le prenne pas en otage.




Maintenant que la crise existentielle que nous avions déclenchée, peut être dépassée, il est temps de passer à autre chose et d’inventer des coopérations nouvelles dans les domaines urgents de la sécurité et de la défense, de la population, que ce soit pour la démographie ou l’immigration, de l’économie et de l’énergie. Il faudra aussi beaucoup de courage et de détermination. Mais nous avons vu à la manœuvre un couple franco-allemand revigoré et efficace. Tous les espoirs sont donc permis !

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