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L’Europe et sa sécurité

Après Londres, Madrid et Paris, Bruxelles est à son tour cruellement frappée par d’odieux attentats. Malgré tous les efforts, d’autres suivront, tout aussi ineptes, injustes, inqualifiables. Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’une offensive planifiée et délibérée d’ennemis déclarés de notre mode de vie, qui tentent de désorganiser nos sociétés, discréditer notre modèle et semer le doute chez nous. En un mot ils nous ont déclaré la guerre. Nous en avions perdu l’habitude.

L’Europe s’est trop longtemps endormie sur son principal succès: avoir ramené durablement la paix sur le continent des guerres. Il lui faut maintenant faire face à ce nouveau défi, vital pour elle. Sans sécurité retrouvée, les citoyens demanderont d’autres formes de gouvernance et pourraient bien choisir les bras des Cassandre extrémistes. Ce serait alors renouer avec un passé oublié.

L’Europe apparaît, en effet, comme une puissance naïve et belle, isolée dans un monde en mouvement où les rapports de force réveillent les stratégies de puissance et les affrontements. Partout sur la planète, en mer comme sur terre et dans l’espace, les frontières sont mises à mal, le droit international malmené, les conflits locaux ou les guerres civiles attisés. Nous devons désormais faire la preuve que nous sommes capables de nous défendre et que nous sommes prêts pour cela à engager l’essentiel, c’est-à-dire à nous battre, pour la préserver.

A la violence, on doit opposer la force et pas seulement nos convictions et nos valeurs.

Car il ne s’agit plus seulement d’une question de police ou de renseignement. Nous avons affaire à une vraie tentative de déstabilisation venue d’un groupe résolu qui se pare des atours d’un Etat. Nous devons l’affronter directement.

Déjà plusieurs gouvernements européens sont engagés dans ce combat. Un certain nombre ont entrepris de réarmer et de muscler des outils militaires trop longtemps délaissés. Or, les engagements pris dans le traité d’Union européenne (art 42.3: "accroître les capacités militaires") et au sein de l’OTAN de dépenser 2% de leur richesse pour la défense ne sont respectés que par 3 Etats!

Il est donc urgent de s’adapter à cette nouvelle priorité et de se doter d’une défense crédible pour le continent. Un ensemble qui dépense en moyenne 30% pour la protection sociale doit être capable de faire des choix courageux. Si tous les Etats membres ne sont pas d’accord, quelques uns peuvent s’entendre pour coordonner leurs efforts, déjà partagés dans une coopération accrue. Et s’il faut, pour ce faire, de nouveaux accords, spécifiquement consacrés à la défense, il n’y a pas à hésiter. Ils pourraient prévoir des financements appropriés ou la constitution de forces armées crédibles, à l’image des accords de Lancaster House conclus entre la France et le Royaume-Uni. La voie communautaire, qui s’inscrit dans le long terme, ne saurait en effet, répondre à l’urgence, même si les institutions communes pourraient davantage aider à relever le gant. Un effort de défense est indispensable en Europe; il dépend des Etats membres et de leurs dirigeants. Il en va vraisemblablement de l’avenir de tout l’édifice européen.
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