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2014, année européenne

2014 verra le renouvellement de toutes les institutions européennes, Parlement, Commission, Présidence du Conseil européen et Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune. C’est donc une occasion pour l’Union, la crise surmontée mais pas encore terminée, de tirer les leçons de quatre années difficiles.

Pour une fois confrontée à de graves turbulences économiques et à une profonde crise de confiance, elle doit faire un bilan objectif de cette expérience. La solidarité européenne a fonctionné et le pire a été évité. Aucun Etat membre ne s’est trouvé en situation de faire défaut sur sa dette, de quitter l’euro ou l’Union. Mais les faiblesses de la construction inachevée de l’Europe unie et de la monnaie unique ont dû être corrigées dans l’urgence.  La Banque centrale européenne a démontré sa force et sa souplesse; elle a été déterminante dans la lutte contre la défiance et la spéculation. Les Etats ont dû intervenir, mais les décisions ont été lentes et n'ont évité ni les hésitations ni les erreurs.

Nous devons donc accepter une révision profonde des pratiques institutionnelles européennes.

La gouvernance économique doit encore être renforcée, la conduite des politiques européennes améliorée. Les citoyens font preuve d’une réelle désaffection à leur endroit, qui ne saurait rester sans réponse.

A l’évidence, la Commission fonctionne mal et doit être réorganisée autour d’un exécutif fort de vice-présidents en charge des grandes tâches qui lui incombent . Elle doit tourner le dos à toute dérive technocratique dont Robert Schuman assurait dès les années soixante qu’elle était le « plus grand danger des institutions supranationales ». Elle ne doit pas faire du droit un obstacle à l'efficacité, mais un moyen au service de l'action. Les commissaires doivent agir en femmes et en hommes publics qui exposent et assument eux-mêmes leurs responsabilités politiques.



La production normative européenne doit faire l’objet de priorités. Le vote de lois nouvelles n’est pas une fin en soi et la régulation n’est pas l’alpha et l’oméga de la dimension européenne, surtout quand 26 millions de sans-emplois appellent une relance de la croissance. Cessons d'accumuler mille et une obligations nouvelles au nom de grands principes généreux; elles sont autant de boulets attachés aux pieds de nos entreprises qui doivent courir comme des gazelles.



L’affirmation de la place de l’Europe dans le monde est une nécessité absolue qui exige une meilleure coordination et une utilisation plus judicieuse de la générosité européenne. Il faudra jouer le jeu du nouveau service diplomatique commun et enfin accepter que l’Union a des intérêts à défendre partout dans le monde, y compris en intervenant au loin avec un outil militaire performant. Une stratégie de sécurité maritime doit voir le jour en juin; elle devrait en être le symbole.



Tout ceci peut être exigé des nouveaux responsables qui vont être désignés à la tête des institutions, sans avoir besoin de modifier les traités. Les réformes institutionnelles viendront plus tard. La pratique, pour sa part, doit changer dès cette année.

C’est à cette condition que les citoyens pourront retrouver confiance dans une construction qui reste plus utile que jamais et une unité plus nécessaire encore.

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