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Europe: la France doit parler.

Barack Obama, Christine Lagarde, Mario Draghi, David Cameron et tous nos grands partenaires mondiaux, demandent à l'Europe une vision claire de son avenir pour surmonter la défiance dont elle fait l'objet.

Angela Merkel, Mariano Rajoy, Mario Monti et nombre de dirigeants européens ont indiqué ce qu'elle devait contenir: la réaffirmation de l'engagement commun autour de notre monnaie, l'Euro, assorti de mesures immédiates d'ajustement pour éviter la désespérance de ceux qui font le plus d'efforts. Fermeté et solidarité.

Mais tous réclament aussi de savoir jusqu'où veulent aller les Etats membres de l'Union et de l'Euro, quelle gouvernance économique et quels mécanismes sont-ils prêts à accepter. Disciplines, Eurobonds et contrôle démocratique?

Au sortir d'une trop longue séquence électorale, qui a, hélas, privilégié les débats internes, la France ne peut plus se taire, sous peine de paralyser l'Union. Car, tant au Conseil européen des 28 et 29 juin que pour le moyen terme, les décisions importantes qui s'annoncent touchent à l'exercice traditionnel de la souveraineté. Les divisions françaises à ce sujet vont-elles réapparaître? Chaque parti politique va-t-il encore éclater à l'idée de confier à une instance commune une part de notre capacité à décider du budget national, des impôts comme des dépenses? Et la France va-t-elle, une fois encore, hésiter à tirer les conséquences d'un engagement européen qu'aucun Président et aucune majorité n'ont jamais remis en cause depuis 62 ans? Les campagnes électorales ont soigneusement évité la question, alors que c'était le moment idéal d'un vrai débat démocratique et la montée des populismes de droite comme de gauche ont dissuadé les candidats de la poser.

Pourtant, la France peut être au rendez-vous si deux conditions sont remplies:

  - Qu'elle se concentre exclusivement, comme l'ont fait Schuman et Monnet en leur temps, sur le seul objectif de retrouver la confiance, la stabilité et la croissance. Sont donc seulement en cause les mesures indispensables à cette fin et il n'est nul besoin de débats idéologiques ou de querelles de mots qui enflamment si vite les esprits gaulois!

  - Qu'une union nationale provisoire soit proposée autour d'une vision acceptable, c'est-à-dire réaliste mais ambitieuse, d'une Union économique européenne vraiment intégrée. 



Les nouveaux dirigeants français ont donc une responsabilité historique. S'ils acceptent de tourner au plus vite la page électorale, ils se hisseront à la hauteur des enjeux et la France peut débloquer une réaction européenne décisive, qui se fait attendre. Ils décideront alors de ratifier le pacte budgétaire, assorti de mesures de croissance, avec le soutien de l'opposition qui l'a signé. Ils peuvent dégager une majorité européenne, qui se mettra d'accord sur une vision partagée des évolutions de l'Union, qui votera les réformes constitutionnelles nécessaires et permettra au pays qui est à l'origine de l'unification européenne de dire clairement ce qu'il veut.

Il est temps. La France doit parler.

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