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La complexité contre la démocratie

Dans les démocraties occidentales, on considère qu’une société civilisée doit progresser en permanence au moyen de règles de vie collectives. Le souci de bien faire conduit à les multiplier. Or ces règlementations sont de plus en plus complexes.


Les citoyens, souvent, ne s’y retrouvent pas. Les exemples abondent qui compliquent leur existence quotidienne pour des raisons qui leur paraissent obscures. Ils les comprennent et les approuvent de moins en moins.


La numérisation aurait dû simplifier, sa mise en oeuvre complique, quand elle ne retarde pas ! Les progrès de productivité qu’on en attend se résument souvent à des procédures opaques, voire à des parcours d’obstacles.


Dans les démocraties, l’accumulation de règles complexes est l’un des sujets de mécontentement des citoyens.


Les traductions juridiques pointillistes de nos grands principes perdent ainsi en légitimité ; la technicité des lois est une erreur et incite à les contourner ; le sentiment collectif s’affaiblit dans l’incompréhension ; le cocasse n’est jamais loin de règles intrusives.


On peut estimer qu’une société fortement régulée est une avancée de la civilisation et un progrès. Mais lorsque les règles communes entendent maîtriser tous les détails de l’existence jusqu’à la complexité, elles flirtent souvent avec l’absurde. Il ne faut pas s’étonner alors des réactions simplistes qui les contestent. C’est le terreau d’un populisme qui instrumentalise ce « ras-le-bol ».


Les démocraties ne devraient pas être gouvernés par des administrateurs dont le talent se démontre par la rédaction de règles dont le but est louable et l’expression gâchée par l’amour de la norme qui, souvent, néglige d’être simple et claire. « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » !


Pourtant la démocratie exige de la simplicité, gage de transparence et d’adhésion. Les lois, le langage politique, les règles de vie en commun, doivent être compris de tous.


L’actuel président américain l’a manifestement compris et instrumentalise cette réaction, cette demande de simplicité, au prix d’un simplisme efficace et de déclarations disruptives qui font le miel des complotistes. Il ne saurait évidemment pas constituer un exemple, mais plutôt un signal d’alerte pour des régimes qui ne cessent de nourrir leurs journaux officiels de textes abscons.


Si l’Europe veut éviter un énorme « retour de bâton » politique et d’être gouvernée par des démagogues qui ne reculeront ni devant l’usage du nationalisme ni devant les arguties du populisme, les gouvernements nationaux et les institutions communes européennes devraient déclarer un « moratoire règlementaire » permettant d’examiner le bien-fondé, la rédaction et le champ des règles qu’ils adoptent.


Faire simple nécessite certes plus de travail, mais d’abord du bon sens, et, par respect pour le citoyen, la volonté d’être compris de tous.


« Faire simple, » voilà un bon slogan !

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