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portrait

L’accélération

[Cet édito est également disponible en ukrainien.] 


Face aux bouleversements du contexte international, il serait coupable de ne pas voir combien l’Europe accélère aussi. 


L’Allemagne, la France, la Pologne, désormais rejoints par le Royaume-Uni, ont spectaculairement repris la main sur le dossier ukrainien. Le voyage de leurs chefs d’Etat et de gouvernement à Kiev et l’ultimatum lancé à la Russie sont la preuve qu’il n’y aura pas de paix en Ukraine sans leur accord. Solidaires du pays agressé, ils disposent des moyens pour le soutenir et n’entendent pas accepter quelque marchandage honteux qui se ferait à son détriment. Ils ont d’ailleurs refusé plusieurs diktats américains, bien trop loin de la réalité et de leurs préoccupations et continué à sanctionner l’agresseur par 17 trains de mesures sévères. En effet, les plus grandes puissances européennes ont compris que leur avenir était en cause dans la guerre que Poutine leur a déclarée et qui se traduit déjà par une désinformation grossière, un espionnage agressif, voire des attentats.


Cet activisme diplomatique a déterminé le réarmement du continent. Cet accord entre gouvernements relance le rapprochement et l’unité des Etats européens, seul capable de faire échec au révisionnisme et à l’expansionnisme russe.


Parallèlement les institutions de l’Union mettent en œuvre cette volonté et multiplient les mesures pour renforcer l’autonomie de l’Union, diversifier et protéger ses approvisionnements, règlementer les marchés numériques et discipliner les réseaux, lancer des programmes d’indépendance dans les ressources stratégiques. Les progrès accomplis en quelques années sont incontestables et inédits : Après la lutte commune contre le Covid, Fonds européen de défense, achats en commun d’équipements militaires, aide à l’Ukraine supérieure à celle des Etats-Unis y compris en armements, accélération d’un agenda d’investissements dans les domaines stratégiques, sécurisation des approvisionnements, etc.


Il est donc peu utile de se suspendre aux déclarations bien trop nombreuses pour être sérieuses d’un président américain plus intéressé par le commerce que par la grande diplomatie. En revanche, l’accélération de l’intégration européenne, désormais consacrée par les intérêts communs des nations européennes en matière de sécurité, relance un dynamique bien schumanienne.


... « Par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » (déclaration Schuman du 9 mai 1950).


Elle a déjà changé les relations internationales, pas seulement pour les acteurs économiques, mais aussi pour les nations qui entendent rester indépendantes. Oui l’Europe accélère.


C’est l’un des constats de l’édition 2025 du Rapport Schuman sur l’Europe : l’état de l’Union, qui paraît aux Editions Hémisphères le 3 juin (296p, 22 €). Disponible en numérique.


 

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