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portrait

Une Européenne à la tête de l'ONU?

Article publié dans "Le Figaro" du 7 juillet 2006

Le mandat de Kofi Annan au Secrétariat général de l’ONU s’achève à la fin du mois de décembre. Depuis quelques semaines, les Chancelleries s’agitent et les candidats se dévoilent. « A qui le tour » ? Quelle procédure privilégier, quelle relance de l’organisation qui rassemble 191 Etats ?


 


Evitant des marchandages indignes des grands enjeux mondiaux, il vaudrait mieux s’en remettre aux principes pour trouver le meilleur candidat à ces éminentes fonctions.


 


Le nouveau Secrétaire général doit évidemment être un ressortissant d’un pays à la démocratie incontestable. On ne peut favoriser le dialogue des civilisations et des peuples sans porter en soi la culture et l’intime conviction que la démocratie est le meilleur système de gouvernement parce qu’il place l’homme au cœur de l’action publique nationale et internationale. A cet égard, le choix d’une personnalité issue d’un pays ayant renoué récemment avec la démocratie serait symbolique.


 


Parmi les grands combats de la civilisation figure celui du droit des femmes. Donner aux femmes, qui contribuent tant à la vie et à la paix, une place égale à celle des hommes est une œuvre qui concerne le genre humain tout entier. Il reste beaucoup à faire et la désignation d’une femme au poste de Secrétaire général de l’ONU serait une avancée considérable pour la condition féminine, un message à portée universelle bien plus fort que beaucoup d’autres. Les droits de l’homme aujourd’hui, ce sont d’abord les droits des femmes.


 


La scène internationale nous offre des sujets d’inquiétude et des raisons d’optimisme. L’angoisse face à la montée des extrémismes, de l’intolérance et des nationalismes, est justifiée. En revanche, l’Etat de droit, le dépassement des souverainetés, la coopération internationale, l’aide au développement, la résolution pacifique des conflits et le droit d’ingérence progressent dans le village planétaire, notamment sous l’influence de l’Union européenne. Modèle unique, envié et observé avec admiration, le « continent des guerres » a rejeté durablement l’affrontement ; il connaît la paix et la prospérité depuis plus de 60 ans. Un Secrétaire général de l’ONU issu de l’Europe incarnerait ces valeurs et en porterait le message dans le monde.


 


Le portrait du candidat idéal pour succéder à Kofi Annan est donc simple: une femme, issue d’une nouvelle Démocratie européenne. Y en a-t-il ?


 


Certainement plusieurs, mais l’une d’entre elles semble parfaitement désignée pour cette tâche : Vaira Vike-Freiberga, Présidente de la Lettonie.


 


Victime du nazisme puis du communisme totalitaire, elle préside aux destinées d’un Etat qui a rejoint l’Union européenne de manière exemplaire le 1er janvier 2004. Cette intellectuelle francophone a fait montre d’une hauteur de vues exemplaire et incarne la diversité culturelle autant que le courage.


Elle a imposé aux siens l’intégration difficile de fortes minorités, comme l’Europe l’exigeait. Elle était à Moscou le 9 mai 2005 auprès des Chefs d’Etat européens pour commémorer la victoire des armées alliées, alors que les Lettons ont tant souffert des exactions de Staline. Le 4 juillet, elle organise à Riga, deux jours d’introspection sur la Shoah alors que son pays n’a pas échappé, comme l’Europe, aux délires antisémites du XXème siècle. Ces actes majeurs témoignent, parmi d’autres, de sa capacité à s’extraire du passé, sans en oublier les leçons, pour faire résolument les bons choix pour l’avenir. Elle serait donc une candidate qui symboliserait les grands principes qui doivent gouverner le monde.


 


Les chefs d’Etat, spécialement les Européens, s’honoreraient en lui demandant de se porter candidate à cette fonction et en convaincant leurs partenaires de la pertinence de ce choix.