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Non à « L’Europe qui protège »

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

La campagne pour les élections européennes semble devoir bientôt démarrer.

Il est à craindre qu’on y retrouve le bien mauvais slogan de « l’Europe qui protège », déjà largement utilisé assez bêtement dans nombre de campagnes passées.

D’abord cela voudrait dire que l’Europe ne protège pas ses Etats membres et ses citoyens. Qu’aurions-nous dû affronter seuls sans elle pendant la crise sanitaire ? Que pèserait chacun de nos pays tout seul dans une négociation commerciale avec la Chine ? Que serait le sort de nos monnaies nationales, sans l’euro, face aux déficits des uns, aux pesanteurs des autres, aux difficultés économiques de tous ?

Les gouvernements nationaux l’ont compris depuis longtemps : les solidarités européennes les aident à affronter des défis nouveaux, nombreux et inédits. Les citoyens aussi, qu’il faudrait arrêter de prendre pour des imbéciles : L’Union fait la force ; ils le pensent, ils le savent d’instinct.

D’autant plus que nos Etats ne parviennent plus à assumer toutes leurs fonctions essentielles : La sécurité ? Elle s’est bien dégradée ! La prospérité ? Elle est bien attaquée ! La santé ? Elle est bien coûteuse !  La croissance ? Elle est bien faiblarde !

Et ce sont nos gouvernements qui se tournent vers leurs partenaires pour tenter de réussir à plusieurs ce qu’ils ne peuvent plus faire seuls parce que nous vivons désormais à l’heure des Etats-continents.

Mais ce slogan de « l’Europe qui protège » est surtout critiquable parce qu’il ignore le vrai défi du continent.

Ce n’est pas de se protéger, bien sûr une exigence évidente, mais c’est surtout de se projeter dans l’avenir, dont il faut de toute urgence se préoccuper. A nous endormir confortablement réfugiés derrière d’imaginaires protections, nous avons déjà commencé à nous laisser distancer par les autres grandes puissances.  Pour rebondir c’est « l’Europe qui innove » qui devrait figurer dans les programmes électoraux ; « l’Europe qui ose », « l’Europe qui investit », « l’Europe qui entreprend », l’Europe qui croit en l’avenir et le prépare avec enthousiasme.
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