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L’intégration par l’exemple

Ou comment tout de suite relancer l’Europe

Chacun reconnaît que le contexte géopolitique est favorable à une relance de l’intégration européenne. Une opportunité exceptionnelle s’ouvre pour l’Europe afin qu’elle pèse sur la scène internationale à la dimension de son apport aux valeurs de libertés, aux arts et aux sciences, à l’économie et à son exemple de coopération entre Etats. Entre Donald  Trump et Xi Jinping il y a plus qu’un espace, celui d’un modèle dont les Européens ne devraient pas douter.

Comment relancer l’intégration du continent ? Vraisemblablement d’une manière différente du passé sans le renier.

Répondre aux attentes des Européens, c’est aujourd’hui garantir leur sécurité, répondre aux exigences de la nouvelle économie, disposer d’un mécanisme de régulation de la pression migratoire qui va durer.

Intégrer par le haut les différentes pratiques des Etats membres de l’Europe est certainement un objectif nécessaire, mais il donnera lieu à d’interminables débats sur les finalités du projet européen, nourris de discussions idéologiques sans fin.
Montrer l’exemple dès maintenant serait plus efficace.
En matière de sécurité et de défense, que quelques Etats se mettent d’accord à partir de leurs meilleures compétences, pour coopérer sans imaginer de bâtir des « usines à gaz » diplomatiques, serait déjà une avancée considérable. Il faut le faire dans la complémentarité et non à marche forcée, pour assurer la défense de l’Europe qui est aujourd’hui garantie par d’autres.

Un doute subsiste sur la solidarité de la zone euro et l’économie se transforme à haute vitesse. Il est bien sûr nécessaire d’ouvrir le débat sur la gouvernance de la monnaie commune, ses moyens et son contrôle, mais il est aussi efficace de décider tout de suite, par exemple, sur une base franco-allemande, d’une feuille de route de rapprochement de la fiscalité sur les entreprises, assortie d’un calendrier certain. De même la création entre les deux pays d’une Agence commune de recherche dans les technologies dites « de rupture », dotée de moyens financiers conséquents, serait une initiative plus que symbolique, qui en appellerait d’autres.
Enfin, rien n’interdit – au contraire – à quelques Etats membres d’harmoniser entre eux  les règles d’accueil des migrants, ou de l’octroi et du statut de l’asile comme les conditions de l’entrée des migrants économiques. C’est le vrai moyen d’une politique adaptée et respectueuse de nos valeurs.

Ces trois chantiers, s’ils étaient ouverts, ne serait-ce que par deux Etats membres, mais ouverts à ceux désireux de s’y joindre, relanceraient une dynamique qui doit éviter les débats théoriques et aboutir à des avancées concrètes correspondant d’ailleurs aux objectifs communs que les 28 se sont donnés. La preuve : les pas modestes que l’Allemagne et la France ont entamés il y a quelques mois pour mettre en commun quelques moyens de soutien de leurs armées conduisent cette semaine les Européens à constater qu’une Coopération structurée permanente va être décidée et que plus de 20 Etats membres souhaitent y participer ! En Europe quand un train démarre, chacun veut y monter !

Relancer l’intégration par l’exemple, avec un réel esprit européen, est le meilleur moyen de dépasser les clivages pour apporter de vraies réponses à des questions urgentes. Cela nécessite un engagement plus résolu et parfois très concret des Etats membres. A eux de donner le ton. Le reste pourrait bien suivre.



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