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Ukraine, la responsabilité de l’Europe

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

Une fois encore les dirigeants européens, réunis en Conseil ces 14 et 15 décembre, sont placés devant des décisions d’une importance historique.

L’Europe est attendue pour tenir haut le drapeau des droits de la personne humaine. Nous avons fêté le 10 décembre les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1948.

Contrairement à ce que voudraient accréditer les dictateurs et les autocrates à force de propagande, d’ingérences et de violence, il n’y a pas de « droits de l’Homme occidentaux » ou de système politique acceptable sur la planète en dehors du respect de l’intégrité de la personne humaine, auxquels aspirent tous les individus sur tous les continents.

Ne nous y trompons pas : Ce qui se passe dans le monde est une véritable guerre pour les valeurs et le modèle de société, entre le droit et la force, entre la violence et le respect de la dignité de la personne.

Les violations des règles et traités internationaux par la Russie ont ainsi libéré partout la violence et les pulsions guerrières et rassemblé un « axe du mal », dont le premier objet est de contester les droits de la personne au nom d’une prétendue remise en cause de la domination occidentale.

Face à l’agression russe, baisser la garde serait autoriser le retour de la guerre partout. La Russie est un Etat totalitaire, qui emprisonne ses citoyens comme il l’a fait tout au long de son histoire sanglante et qui occupe déjà illégalement et partiellement trois Etats d’Europe, la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine. L’Etat le plus grand du monde a toujours voulu s’étendre et il manifeste pour cela l’impérialisme le plus pur. Les Européens doivent lui signifier que cette politique brutale du fait accompli n’a plus cours, qu’ils ne l’accepteront jamais et qu’ils soutiendront pour cela l’Ukraine jusqu’à l’échec de l’agression. Il en va de leur sécurité comme du message à délivrer au monde. De l’issue de ce conflit dépend en effet la paix ou la guerre en Europe et les guerres de conquête ont été bannies de la scène internationale. Elles doivent être combattues par tous moyens.

D’aucuns pourraient s’étonner que l’Union européenne offre à l’Ukraine et la Moldavie une perspective d’adhésion, alors que ces pays ont entamé une longue route, non encore terminée, vers nos standards politiques et économiques. Mais il s’agit d’abord d’une demande des citoyens de ces Etats, de leur choix libre et démocratique et non d’un complot ourdi je ne sais où. L’Europe doit donc être à la hauteur de l’enjeu. Faute d’une politique étrangère à ses frontières, elle ne dispose que de la perspective d’élargissement pour répondre à la demande de peuples prêts à mourir pour le drapeau européen. Son devoir moral et politique c’est d’ouvrir les bras à ces Européens de l’Est qui ne veulent plus de ce dont ils ont tant souffert : la domination barbare de leur grand voisin.

En ces périodes de retour de la violence, il appartient à nos dirigeants de ne pas varier dans l’affirmation de nos valeurs, qui ne sauraient s’accommoder de la moindre faiblesse ou d’une quelconque mollesse. Elles sont universelles et méritent, si nécessaire, l’engagement le plus total et, bien sûr, du courage.

 

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