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Agenda

17 avril 2024

La Licra organise un débat autour des questions de l'extrémisme en Europe à Sciences Po Aix auquel Jean-Dominique Giuliani participe en tant qu'un des intervenants de la table ronde.

L’Europe face à elle-même

Un défi existentiel

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

L’Union européenne n’a pas d’équivalent.

Elle attire et tous ses voisins souhaitent la rejoindre. Elle a contribué d’une manière inédite au relèvement de l’Europe après 1945 et aussi après 1991. Son apport aux nations européennes a dépassé les attentes de ses fondateurs. Elles affichent un Etat de droit envié, une prospérité inespérée et une stabilité inégalée. Ses méthodes ont donc fonctionné au-delà des espérances, mais elle est désormais confrontée à un tout autre défi. Il est existentiel.

Un grand voisin, qui n’a cessé en vain de la combattre, souhaite sa disparition et surtout sa soumission. Attaquant par des moyens hybrides et une propagande irrationnelle qui rappelle, par ses arguments et ses méthodes, les plus sinistres périodes de l’histoire du continent, la Russie de Poutine s’est déclarée ennemie de l’Occident et de l’Europe. Les Européens doivent donc reconnaître qu’elle l’est désormais.

La Russie nous défie. Sa remise en cause des frontières en Europe est pour nous une menace directe. Sa vision révisionniste et expansionniste de son influence est une agression caractérisée qui n’a pas de raison de s’arrêter.  Ses attaques se multiplient, s’amplifient et ses ingérences caractérisées dans nos débats veulent nous affaiblir en discréditant les modérés et en excitant les extrêmes. Chaque Etat membre de l’Union européenne est ainsi en droit de considérer que sa propre sécurité nationale est désormais en danger.

La réponse européenne a jusqu’ici été très sage : Elle ne veut pas provoquer un conflit direct qui s’étendrait très vite et deviendrait mondial. Mais n’a-t-elle pas été trop prudente ? Les agissements russes s’en prennent directement à nos entreprises et nos Etats. En Ukraine, ceux-ci usent du viol, de la torture et de la répression comme aux pires moments des dictatures du siècle précédent, comme le montre le sort d’Alexeï Navalny.

Il doit être signifié clairement à Poutine que l’Europe n’acceptera pas qu’il poursuive ses exactions et qu’elle a les moyens de s’opposer à ses méfaits.

Même si leur grand allié atlantique devait faiblir, les Européens doivent donc maintenant s’atteler à offrir une réponse forte aux développements en Ukraine. Ils en ont les moyens.

Montrer leur détermination commune passe par un soutien massif aux Ukrainiens et aux Moldaves, qui constituent pour nous « la défense de l’avant ». Il doit être militaire, financier et humain. Nos dépenses de défense doivent être accrues dans une coordination renforcée avec les Européens.

Nous devons investir massivement dans notre sécurité, fût-ce au détriment du confort de régimes sociaux généreux. L’économie de guerre doit mobiliser toute la société européenne.

Et pourquoi ne pas réaffirmer solennellement par une déclaration, un accord ou un traité entre Etats européens, Royaume-Uni compris, que les signataires s’engagent de nouveau à se défendre et se protéger mutuellement ?

Cela exige de nouveaux développements européens. Nos traités, nos engagements et nos politiques, nos méthodes de décision doivent être revus à l’aune de ce nouveau danger pour notre propre sécurité.

Il s’agit désormais de se réarmer pour être prêts à se battre si nécessaire, seul moyen de n’avoir pas à le faire et de garantir la paix.

 

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